○ the marks humans leave are too often scars.

Le vent s’engouffre dans le salon d’une manière simple et naturelle. Tu sens la brise printanière fouetter ton visage amenant avec elle une morsure de froid qui accompagnerait parfaitement la bonne vieille rengaine de ta grand-mère : en avril il ne faut jamais se découvrir d’un fil. Légèrement appuyé contre l’encadrement de la fenêtre, le téléphone portable collé à ton oreille gauche, tu prends le temps d’écouter ta petite puce de huit ans. Elle te narre ses vacances en compagnie de sa mère, combien elle s’amuse, qu’elle est allée s’amuser au parc avec Ren, que le temps ensoleillé lui permet de faire de grande ballade, que tu lui manques, qu’elle a hâte de rentrer. C’était toujours pareil lorsqu’elle appelait, le chagrin ne la quittait jamais lorsqu’elle parlait de te revoir et il en allait de même lorsque les rôles étaient inversés chez Maggie. Cette dernière était une mère exemplaire, tendre et attentive auprès de sa fille mais cela ne suffisait pas toujours pour Lilas. Elle était encore petite lors de votre divorce, une séparation où Maggie n’avait guère mis du sien. Une période bien loin derrière toi désormais mais bien souvent dans l’esprit de la petite brune qui rigolait à l’autre bout du fil. « On se voit dimanche ma puce. ». Affirmes-tu d’une voix complice et réveillant l’éternel père poule que tu étais. Tu la sentais sur le point de perdre sa jovialité, la séparation était toujours difficile pour elle mais les retrouvailles en étaient d’autant plus prenantes et emplit d’un amour parent-enfant que tu avais également reçu à son âge. « Je t’aime papa. ». Une intonation cristalline, qui étire tes lèvres. « Je t’aime aussi ma grande. ».  La porte de l’entrée claque doucement dans le couloir pour laisser quelques minutes plus tard la silhouette svelte et romantique de Leigh. Voyant que tu es au téléphone, elle minimise le bruit des clés qu’elle dépose avec prudence sur la petite table base, avant de venir prendre ta main pour de te murmurer à l’oreille de ne pas oublier Lilas. Puis elle se dirige vers la cuisine. Quelques minutes plus tard, tu prends également la direction de la cuisine où la jeune femme s’affaire à préparer le diner. Vendredi soir était le jour où vous aviez tous les deux, un emploi du temps le moins chargé, de quoi vous réserver une soirée en tête à tête. Tu poses ton cellulaire sur le plan de travail en marbre de la cuisine avant de venir de passer tes bras autour de la taille de Leigh. Elle émet un rire amusé, tout en déposant sa tête contre ton torse avant de t’embrasser doucement. « C’était Lilas ? Comment elle va ? ». Demande-t-elle avec intérêt avant de reprendre le découpage de ses poivrons verts et rouges. Un mariage de couleur qui laisser présager un repas mexicain sans le moindre doute. Tu en profites pour piquer rapidement une tranche de poivrons que tu mets dans ta bouche. « Elle se porte comme un charme et semble passer de bonnes vacances même si elle a hâte de rentrer … ». Soupires-tu doucement. Tu sais que les relations avec ton ex-femme sont de plus en plus tendues et ce pour un tas de raisons dont l’excellente cuisinière face à toi fait partie. Tout en t’afférant à ton tour à la cuisine mais pour la partie pâtisserie – dont tu tenais le don sans doute de ta mère – tu peux sentir le regard de ta compagne te sonder avec silence. Leigh était celle qui avait su percer à jour ta confiance avec prudence et patience. Elle te permettait d’aller de l’avant et ce de manière tout à fait mutuelle. Elle savait tout de ton passé et de ton présent, tout comme elle était devenue un pilier important de ton existence encore de celle de Lilas. « Les choses ne s’arrangent pas avec Maggie, hm ? L’avocat a laissé un message pour le répondeur pour la garde alternée … ». Les prunelles toujours concentrée sur la préparation de ta crème aux noix de pécan, tu hoches lentement la tête. Si ces dernières années, Maggie s’accommodait des vacances, désormais ce n’était plus le cas et ce depuis que la jeune professeur d’arts faisait partie de vos vies. « J’essaie d’agir au mieux pour Lilas, mais bon ça semble compromis pour le moment. ».  Glissant sa main sur la tienne, Leigh effectue une légère pression pour te témoigner son soutien. Son petit sourire en coin à toujours le don de te charmer mais au-delà de tout l’évidente réalité actuels, tu ressens pertinemment la retenue qu’elle éprouve à entamer un sujet dont tu ignores la raison. Tu serres a ton tour la paume de sa main chaude dans la tienne, puis tu laisses de côté ce que tu étais en train de faire, pour venir la prendre dans tes bras. Sa tête repose sur ton épaule, tu lui caresses le dos comme pour l’encourager à te parler de ce qui peut la tracasser. Elle entremêle alors vos doigts, les observent avant d’enfouir un peu plus son nez au creux de votre étreinte. Elle est bien trop obstinée pour se livrer, tu l’as appris à tes dépens mais cela fait ce pourquoi tu es amoureux d’elle. « C’est un sujet auquel je pense depuis quelques temps, ne pense pas que c’est en rapport avec Maggie ou même Lilas … ». Elle cherchait avec précaution et hésitation les mots qu’elle employait. Bien sûr que non, elle adorait ta fille et cela était réciproque. Non, cela demeurait plus profond encore. Ce sujet la concernait personnellement mais incluait un nous. Tu la cernais de mieux en mieux au fil du temps. « On devrait … ». Au moment même où elle s’apprêtait à aborder le sujet, la sonnerie de ton cellulaire retenti à nouveau. Cette musique était associé à ton boulot. Tu embrasses le front de Leigh, une mine désolée accrochée à tes traits avant de prendre l’appel. Une urgence professionnelle que tu ne pouvais remettre à plus tard. Tes patients étaient importants mais pas au même titre que la jeune femme qui te lancer une expression emplit de confiance et d’un sentiment que vous partagiez ensemble.