O my enemy. Do I terrify?

La porte s’ouvre et se ferme lentement tandis qu’une petite blonde arpente la pièce sur la pointe des pieds, très occupée à ne pas faire le moindre bruit. Elle étouffe un petit cri en se rendant compte de la froideur du sol sous ses pieds nus. Dans son sommeil, Brett bougea et murmura quelque chose. –Chuuuut. Dit elle, plus à elle-même qu’a n’importe qui d’autre. Elle ne voulait pas réveiller son grand frère, pas une nouvelle fois. Si elle le faisait, il la raccompagnerait directement dans sa chambre, la dissuadant d’aller réveiller leur père.

La nuit ne la dérangeait pas. Elle ne souhaitait pas se glisser sous les couvertures du lit de son père pour se réconforter d’un mauvais rêve ou faire fuir les méchants en tout genre. Non, elle recherchait sa chaleur, son attention, son amour tout simplement. Une fois face au lit de son père, la hauteur et l’espace vide immense à côté de lui l’en dissuada. Elle qui avait fait le chemin presque toute les nuits sans arriver à franchir ne serait que sa porte, se retrouvait collé au sol. Battre en retraite si près du but n'était pas envisageable. Alors, elle s’approcha a pas feutré du visage de son père. D’une main hésitante, elle caressa les mèches aussi blondes que les siennes qui retombaient sur son front. Ces grands yeux bleus se perdaient dans les rides apparus bien trop vite sur le visage de son père. C’était surtout des signes de sa tristesse plutôt qu’autre chose. Instinctivement, son père ouvrit les yeux. Peut être ne dormait il pas vraiment ou bien ne dormait il plus jamais ? C'était peut être du au courant d’air nouveau qui remplissait sa chambre.

Le père et la fille s’observèrent en silence de longues secondes. La petite fille s’était toujours demandé si l’amour se résumait aux silences assourdissants et aux regards vides.

– Retourne te coucher. Sa voix était rauque et froide. Pas un sourire ne venait ponctuer sa phrase, ni même un geste histoire de l’y encourager. La petite fille n’avait pas envie de partir. Elle avait l’espoir de peut-être avoir des moments à elle avec son père, comme Brett y avait le droit. –Papa ... Elle sursauta au contact de sa main sur son petit bras, les contacts peau à peau étant si rare. – Je ne te le répéterais pas deux fois. Son père s’était levé de son lit dans un bond, il parcouru en deux pas la pièce, laissant la petite fille face à une porte.

Deux mois plus tard, les deux enfants s'installèrent chez leur mère. Le divorce était final.

Il glisse avec délice ses doigts sur la peau fine de ses hanches, d’un mouvement habile il écarte ses cuisses avant d’envahir de son corps l’espace qui les sépare. Elle essaye de mordre à pleine bouche l’arrondi de son épaule pour y étouffé le son de plaisir qui lui brûle les lèvres. Il ne cesse de repousser gentiment son visage, l’obligeant à lever son regard de braise vers le sien. Il veut entendre l’expression de son désir et surtout le lire au fur et à mesure des arabesques naissant sur ses lèvres. Il remonte peu à peu ses mains dans les plis de son dos, Elle se cambre, lui laissant tout le plaisir d’embrasser sa gorge et la naissance de ses seins. Elle a l’habitude de tout contenir, d’être aussi froide que la reine des glaces,  mais avec lui tout est différent. Dans l’affrontement de leurs chairs, Il empoigne sa supériorité et brise petit à petit la carapace qu'elle se donne tant de mal à ériger.

(...) Je ne détache pas mon regard de sa silhouette. Depuis quelques heures Olivia n'arrête pas de me noyer de textos. Je pensais que la nuit dernière allait suffire à expliquer mon absence pour les prochaines à venir, mais non. C'est vrai que jouer le petit ami idéal ce n'est pas mon fort. Et donc, je reste là, dans ce bar remplis de femmes et hommes ayant la moitié de mon âge. Une brune me fascine depuis une poignée de minutes. Ses boucles brunes caressent une épaule dénudée, ses lèvres épousent le contour d'un verre de vin toute les trente secondes. Elle ne cherche personne du regard, elle se contente de regarder le barman de temps en temps. Elle m'intrigue, j'ai envie de l'aborder, de la fasciner, de la baiser. Mais quelque chose me dit que ça ne va pas être aussi facile que d'habitude, et ça, ça me plait plus que tout. Je m'installe à ses côtés. Nous ne nous regardons pas, pas encore. Je commande un verre de lait tout en remplaçant doucement mes cheveux derrière mon oreille. J'aime ce moment. C'est là que tout se joue dans les relations hommes/femmes. Les premiers regards, l’électricité dans l'air, le langage corporel. - Drôle de commande. Contre toute-attente, l'objet de mon désir m'adresse la parole en premier. Je lui octroie un sourire.  - Perdu. Elle hausse un sourcil, il faut que je fasse vite pour ne pas la faire fuir.  - Je cherchais un moyen d'ouvrir la conversation sans passer pour un freak. Mon verre de lait en main, j'en bois une gorgée. - Je serais au bloc dans quelques heures, l'alcool serait une mauvaise idée tout de suite. Je suis Anesthésiste.

(...) Dépassé les petites questions d'usages, le flirt se passe plutôt bien, la brune répondant au doux prénom de Daphne me fait de l'oeil, je pense lui plaire. Mais elle ne fait pas partie de la catégorie des filles d'un soir que je ramasse souvent par ici. Elle me résiste tout en m'accordant quelques espoirs au détour de quelques phrases. Ma main caresse doucement son genoux dans l'espoir de plus. Et puis, elle me congédie, de toute façon je dois aussi me rendre à l’hôpital, tant pis. Son visage me revient en tête tout au long de la journée qui suivra. J'aimerais la recroiser. L'homme est une créature bien bête : elle crève d'envie de ce qu'on lui refuse. Daphne et ses lèvres rouge sang devront attendre toutefois, ce soir je dîne avec mon fils et sa nouvelle petite amie.  

(...) Olivia finit par me convaincre de l'emmener pour ce dîner familial. Je me dis qu'elle sera une belle diversion face aux silences gênants entre mon fils et moi. Je la pousse doucement en direction de l'intérieur du restaurant, ma main contre son dos. Mon regard vagabonde en marchant, je repère Brett, dont les yeux ont croisés les miens. Il se lève pour m’accueillir tandis que la demoiselle qui lui fait face se tourne délicatement. J'écarquille les yeux de surprise. Je reconnais trop bien ces boucles brunes. Et que dire de ces lèvres à la couleur du pêché. Daphne.